Fragile et vulnérable comme une fleur qui pousse sur un trottoir. Légère et belle comme le jour, ma sensibilité et mon attrait pour une femme somptueuse me submerge.
Je suis comme hypnotisé, à sa merci. Du jour au lendemain, la fleur peut être écrasée ou arrachée. Pourtant, j’ose. J’ose m’aventurer sur un territoire inconnu, tantôt teinté d’espoir un peu triste, tantôt teinté de la joie vive d’expérimenter la relation.
Je découvre à travers elle des parties de moi endormies, voire insoupçonnées. Je me réveille progressivement d’un long sommeil, je m’étire, je baille, et la magie opère. J’ai envie de vivre, de savourer, même si parfois c’est la tempête, même si mes craintes resurgissent par moments, même si mes envies coupent l’instant présent à d’autres moments.
Il y a des instants où la joie pure pulse, la joie d’être, la joie d’exister tel quel.
La vie est un cadeau, même quand ce cadeau est incertain, il vaut la peine d’être dansé, d’être savouré, d’être honoré.
Hier, je suis allé voir mon psychiatre un peu déprimé d’être loin de mon amour, et à ma grande surprise, il était ravi. Ravi de me voir ressentir des émotions, ravi de me voir vivant. Il m’a proposé de me rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, j’étais un fossile qui n’aurait jamais osé vivre des émotions vives, des émotions d’amour, de prendre des risques, de m’attacher… bref, d’être un être vivant, et non un caillou anesthésié.
Il m’a félicité pour la progression fulgurante et exponentielle à laquelle il a assisté à mes côtés. Il m’a même proposé d’arrêter mon traitement en me disant que les cas comme moi étaient très rares.
Je n’étais plus triste du tout. J’étais reconnaissant de l’avoir comme médecin, j’étais reconnaissant des cadeaux que la vie m’offre chaque jour, j’étais reconnaissant d’être disponible pour les accueillir.
Pour en revenir à mon amoureuse, jamais je n’aurais imaginé possible de retomber amoureux comme à mes dix-sept ans, comme si mes traumatismes relationnels avaient disparu, comme si mon innocence face à la relation était de nouveau active.
Alors j’ai encore beaucoup de désir, mais je m’efforce de vivre avec mon cœur pour éviter les grincements, pour éviter de figer la vie, pour éviter de lui mettre la pression de mes attentes sur le dos.
Je suis terrifié et à la fois très joyeux d’écrire ça. Mais si la relation devait s’arrêter maintenant, je lui serais éternellement reconnaissant d’avoir rallumé une flamme qui était éteinte depuis très, très longtemps.
Merci.