À Fanny, gardienne des tempêtes et des matins calmes
Neuf ans.
Neuf années à deux, à travers les bourrasques, les silences, les rires, les larmes, les effondrements, les renaissances.
Neuf années à être mon ancre quand j’étais une barque trouée à la dérive.
Toi, calme comme un chat au soleil, moi, volcan bipolaire qui fume et boit pour oublier que la lave brûle.
Tu es arrivée au tout début de mon diagnostic,
quand tout était flou, violent, incompréhensible.
Et tu es restée.
Tu as tenu bon, comme une montagne qui ne bouge pas,
même quand moi je devenais tremblement de terre.
Tu m’as évité l’hôpital, les commissariats, les conflits de voisinage et même quelques tsunamis relationnels.
Tu m’as offert un lit, un foyer, un « chez moi ».
Tu m’as offert ton cœur en guise de refuge.
Tu as été une mère, une sœur, une amie, une amoureuse, une gardienne, une acrobate de la patience.
Tu m’as nourri, soutenu, porté.
Tu m’as laissé hurler, pleurer, exploser,
et tu m’as regardé en silence avec cet amour indéfectible,
presque mystique, comme si tu savais que quelque part sous mes démons,
il y avait un être blessé qui ne demandait qu’à guérir.
Et moi j’ai guéri.
Un peu. Beaucoup. Passionnément.
Et surtout grâce à toi.
Tu as été le baume. Le calmant. Le rire au bon moment.
La douceur quand je me haïssais.
La tendresse quand je me perdais.
Tu m’as aimé même quand j’étais invivable, infréquentable, presque insupportable.
Et aujourd’hui, l’heure est venue.
Tu déposes l’uniforme invisible de l’infirmière du cœur.
Tu quittes ton poste de secours permanent.
Tu pars vivre TA vie.
Et, même si j’ai peur. Peur d’être seul. Peur de ne pas m’en sortir sans toi.
Je suis heureux.
Heureux que tu t’offres ce que tu m’as offert pendant toutes ces années :
l’attention, la liberté, la douceur, la paix.
Merci Fanny.
Merci pour ton amour solide, ta patience surnaturelle, ta fidélité de roc.
Merci pour ton humour dans la tempête, ta lumière dans la nuit,
et pour les innombrables fois où tu as préféré l’amour à la fuite.
Tu as été un cadeau. Un miracle.
Et aujourd’hui, c’est à toi de voguer.
Pleine voile. Plein cap. Plein cœur.
Je t’aime fort. Et je te laisse partir.
Avec une larme. Et un immense sourire.