Insouciant et libéré, je me promenais gaiement et joyeusement dans ma prairie existentielle.
La vie, avec délicatesse, grâce et malice, me rendait la monnaie. Les poneys broutaient et l’herbe était verte.
Au détour d’une lecture, un acte de pure magie s’était produit,
je m’acceptais enfin telle que j’étais.
Avais-je changé ? Absolument pas.
Étais-je mieux qu’avant ? Absolument pas.
Je demeurai intacte, identique à la minute d’avant, et pourtant tout était différent.
J’étais enfin libre d’être moi, avec mes qualités et mes défauts…
Euh non pardon, je n’ai aucun défaut, c’est prouvé scientifiquement…
Je ne vais même plus chier, je suis l’immaculée sans côlon, c’est bien connu…
Puis un beau jour, un beau miroir aux cheveux longs s’est présenté dans mon manoir.
Fascinée, j’ai plongé, tête baissée, dans mon passé, me prenant assurément une belle déculottée.
Un passé aux allures troubles m’attendait patiemment, impatient de se dévoiler pour être enfin éclairé.
Je m’en suis évidemment pris plein les dents.
Un passé lourd de culpabilité et de reproches sur moi-même, un passé qui m’avait interdit d’être naturelle sous peine de perdre l’amour, la sécurité et la joie, venait de ressusciter, tout excité à l’idée d’être enfin embrassé.
Alors je me suis alourdie, sous le poids des interdits. J’ai recommencé à croire que je devais changer, que je devais devenir quelque chose de mieux, de plus aimable…
La dépression était revenue, elle m’enveloppa de ses doux bras assurés. Elle était là, fière, ne me laissant aucun espace sans poussière, sans guerre et sans misère.
Fut une époque, j’aurais rajouté bière, mais assurément j’aurais vomi plutôt qu’écrit.
Bref, vous l’aurez compris, mon lit était redevenu un ami.
Frénétiquement, je cherchais un soutien, une aide, une thérapie quelconque pour échapper à ce gouffre dans lequel Gandalf lui-même n’aurait osé s’aventurer. J’étais terrassée comme le Balrog, figée, sans échappatoire, sans porte de sortie.
Quand Harry et sa baguette illuminèrent mon esprit d’une simple phrase :
“tu as le droit d’être comme tu es” !
J’assistais de nouveau à un acte de pure magie.
Sans effort, sans bouger d’un millimètre, sans changer ma couche ni même essuyer mon derrière, la dépression était derrière.
La légèreté jaillit comme un éclair, j’étais guérie.
Enfin… jusqu’au prochain rodéo.