Ils étaient deux, seuls sur une île. L’île de leurs propres démons. Chacun de leur côté, ils se débattaient tant bien que mal avec leur propre peau.
Et un jour, un algorithme nommé Facebook les a rapprochés. Ils se plaisaient et s’aimaient à la hauteur de leur amour pour eux-mêmes.
Ils venaient de mettre les pieds dans un pays où les miroirs sont rois. Ils venaient d’entrer en relation pour le meilleur et pour le pire.
Ils ne s’épargnaient rien, chaque mouvement reflétait leurs propres abîmes, chaque instant passé ensemble était une aventure périlleuse, une aventure qui fait peur, une aventure vertigineuse. Leur regard déshabillait l’autre, le mettant nu face à lui-même.
Ils auraient pu stopper la relation immédiatement car il est très inconfortable de voir ses propres failles. Mais je ne sais pas par quelle opération du Saint-Esprit, ou peut-être une diablerie digne des Visiteurs, ils étaient toujours ensemble.
Ils étaient transparents et partageaient ce qui les habitait respectivement. Les doutes, les peurs, les tristesses, les manques, et j’en passe. Leurs mondes intérieurs respectifs n’étaient pas des plus limpides. Et pourtant, une certaine poésie un peu dramatique s’échappait de leur union.
Est-ce que leur avenir ensemble était garanti ? Certainement pas. Tout dans leur esprit criait à la fuite vers d’autres horizons plus soft. Et pourtant, ils restaient là, ensemble, dans une étrange douceur, dans un étrange respect l’un pour l’autre. Ensemble, ils s’affrontaient eux-mêmes.