Acte I : L’Illusion de la Toute-Puissance
Ô doux lecteurs, contemplez l’audace infinie de celui qui, défiant les lois de la psychiatrie moderne, a jugé bon d’amputer son traitement d’une moitié, tel un alchimiste persuadé de pouvoir distiller la sagesse dans un flacon de libre arbitre.
Car après tout, mon rétablissement en santé mentale est fulgurant, n’est-ce pas ? Mon ascension vers la souveraineté psychique est telle qu’un simple antipsychotique ne saurait entraver ma marche triomphale sur la voie royale du bien-être absolu !
Ainsi, sans consulter mon psychiatre (ce rabat-joie de la prudence médicale), mais non sans une once de lucidité, j’ai tout de même mandaté ma colocataire en tant qu’observatrice officielle de ce miracle pharmaceutique. Spoiler : l’expérience a produit des résultats.
Acte II : La Déchéance… ou Disons, un Petit Cahot sur la Route du Triomphe
Hélas ! Le mythe de mon invincibilité mentale a vacillé. Le firmament de ma toute-puissance s’est légèrement assombri, laissant place à quelques turbulences dignes d’un opéra tragico-burlesque :
Ma routine matinale ? Dissoute dans l’abîme du néant organisationnel.
L’hygiène quotidienne ? Désormais entre les mains capricieuses de mon déodorant, promu au rang de sauveur olfactif.
Le sommeil ? Reconverti en séminaire nocturne de métaphysique sur les méandres de Facebook.
L’alimentation ? Expérimentale. Red Bull et introspection philosophique au menu.
Le lien social ? Principalement entretenu avec mon fil d’actualité, dans une boucle algorithmique qui me connaît peut-être mieux que moi-même.
Pas d’effondrement, non. Je tiens la route. Je garde le cap. Mais, surprise, je me croyais plus autonome que ça. J’imaginais naïvement que mon psychisme se suffisait à lui-même, que ces fichus comprimés n’étaient que des béquilles symboliques. Manifestement, j’avais sous-estimé leur rôle dans la mécanique de mon équilibre.
Acte III : La Clé du Salut ? L’Action Sociale !
Heureusement, dans ce grand théâtre de la rémission, il y a encore des actes de bravoure. Aujourd’hui, je suis allé aux Petits Frères des Pauvres et aux Restos du Cœur.
Et là, révélation divine :
1. J’ai échangé avec de vraies personnes ! Qui parlent ! Qui bougent ! Qui n’ont pas besoin d’une connexion Wi-Fi pour exister !
2. J’ai occupé mon temps avec autre chose que l’auto-analyse compulsive.
3. J’ai mis mon narcissisme en pause pour m’inscrire, humblement, dans un effort collectif qui dépasse mon nombril, aussi fascinant soit-il.
Ce fut une bénédiction. Un rappel que mon rétablissement, malgré mes escapades pharmacologiques, poursuit son ascension spectaculaire. Oui, quelques turbulences, quelques embardées sur le chemin, mais le cap est maintenu.
Acte IV : L’Inévitable Prise de Conscience
Le moral ? Toujours excellent, à ceci près que certaines vagues émotionnelles rivalisent désormais avec le tsunami biblique. Après des années à tout verrouiller, il fallait bien que certaines digues cèdent.
Alors, que faire ?
Eh bien, tenez-vous bien : je vais peut-être consulter mon psychiatre. Moi. Le fier aventurier du sevrage sauvage. Le conquistador de la réduction médicamenteuse.
Pourquoi ? Parce que, si mon rétablissement est une épopée, il serait dommage de saborder le navire avant d’arriver au port.
Épilogue : Moralité ?
J’en ai pas fini avec les conneries. Mais au moins, je les orchestre avec panache.