Polyamour

L’idée du polyamour : un exercice de style thérapeutique ou une fuite de la relation et de l’engagement ?

Compte tenu de mon éducation et de mes insécurités profondes, j’ai toujours eu un prisme rigide et accusateur sur la notion de polyamour.
Je ne comprenais pas, ça me mettait mal à l’aise et c’était tout bonnement inenvisageable.

Le polyamour devait cacher un évitement de l’intimité profonde et des responsabilités affectives. Un moyen de ne pas faire face aux blessures relationnelles ou à la peur d’être abandonné. La justification d’un comportement instable ou égocentré, qui évite de prendre en compte les besoins du partenaire. Ou encore une fuite de l’engagement dans une relation unique, stable et potentiellement confrontante.

Pour toutes ces raisons, le polyamour peut masquer une peur d’aimer pleinement, un manque de sécurité intérieure ou une immaturité affective.

Mais la vie est malicieuse et offre souvent de nouvelles perspectives.

Si le polyamour n’est que ça, pourquoi me fait-il si mal, me fait-il si peur ? Évidemment, cela me renvoie à mes blessures d’enfance et à la croyance bien vissée que “je ne suis pas assez” et que “je n’ai rien de valable à offrir”.

J’ai croisé récemment une femme. Elle pratiquait le polyamour d’une manière assumée, et sa liberté m’a interpellé. Moi qui suis étouffé par les tabous religieux et le manque de liberté sexuelle, ça m’a presque donné envie d’essayer. Enfin, plutôt d’acquérir cette aisance assumée au niveau de la relation.

Comme la vie est bien faite, il se trouve que ma confiance en moi, ma liberté sexuelle et mon espièglerie augmentent avec le temps. Là où la relation amoureuse me laissait figé comme une statue, transi par la peur de perdre, un nouvel élan est en train de naître : un élan joueur et amusé vient remplacer l’aspect solennel qui se prend au sérieux.

L’attirance physique pour son partenaire ne dure qu’un temps et finit par s’étioler. Je n’ai pas encore fait de telles expériences, mais ajouter un partenaire tiers dans la relation pourrait relancer les désirs et donner un nouveau souffle à la relation sexuelle en désuétude.

Vient alors une nouvelle vision du polyamour, qui pourrait permettre de déconstruire les modèles relationnels classiques, souvent rigides, oppressants ou enfermant. Une manière d’explorer la jalousie, l’attachement, la possession, et les schémas émotionnels inconscients. Un moyen de se guérir de blessures relationnelles en vivant plus de transparence, d’authenticité et de communication, et pour finir, développer une autonomie affective et apprendre à aimer sans vouloir posséder.

Dans ce cas, le polyamour pourrait devenir un laboratoire intérieur puissant, un outil d’évolution personnelle — il demande néanmoins une grande maturité émotionnelle et une capacité à être honnête avec soi-même et les autres.

Comment puis-je faire la différence entre mes peurs, mes fantasmes et un réel goût pour l’expérience ? Est-ce qu’inconsciemment j’ai peur de m’engager ? Est-ce qu’inconsciemment j’ai peur de perdre ma partenaire ? Est-ce que j’ai envie de multiplier les expériences relationnelles intimes ?

Si je devais aller plus loin dans l’expérience, si ma partenaire était d’accord et si mes blessures étaient guéries, je pourrais me poser les questions suivantes :

Est-ce que je choisis cette forme relationnelle en conscience, ou pour éviter quelque chose ?
Est-ce que mes relations me rendent plus libre, plus responsable, plus honnête ?
Suis-je à l’aise avec les émotions que cela éveille, ou suis-je en train de les fuir ?
Est-ce que je me sens plus vivant, ou plus dispersé ?

Il y a quelques semaines, devant ma plonge, je me suis posé cette question : si je devais avoir plusieurs partenaires intimes, comment je gérerais le temps de cerveau disponible pour chacune ? Comment arriverais-je à compartimenter les relations, à les cloisonner dans mon espace mémoire ?
La réponse fut intuitive et immédiate : je penserais en même temps à mes différentes partenaires.
Resterait la question de la gestion du temps. Je ne suis pas allé assez loin dans la réflexion, et quant à la notion de l’amour, il est évident pour moi que je dois être amoureux pour partager des moments d’intimité. Je le découvre avec le temps : mon amour n’a pas de limite. Quant à mon attirance pour telle ou telle personne, elle dépend de mes goûts personnels et non de mon amour.

Qui l’eût cru ? Pas moi…
La suite au prochain numéro de balance ton nombril.

    Facebook
    X
    VK
    LinkedIn
    Telegram
    Email

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *