Tranchantes comme la lame d’un katana, elles lacèrent mes entrailles. Je parle de vestiges, d’émotions étouffées, ignorées, oubliées depuis des milliers d’années.
Aujourd’hui, elles sont là, éclatantes comme au premier jour. La colère, la frustration, l’incompréhension, la jalousie, l’envie, la tristesse, la peur, l’impuissance, l’indignation… Toutes se sont invitées au banquet. Un véritable cocktail du bonheur. Comme un coup de poing, elles me plient en deux. Je fixe le sol, révolté, le corps endolori par la douleur. L’humilité se rappelle à moi, dévoilant la vulnérabilité de mon humanité.
C’est intolérable ! Aussitôt, les armures se reforment, les herses se lèvent, les ponts-levis se dressent, les miradors renaissent comme des fantômes du passé. Les protocoles de fuite s’activent : comment échapper à cet enfer ? Comment retrouver le calme, la paix, la joie ?
Première tentative : je me concentre sur mon cœur. Là, au plus profond, la paix demeure inaltérable. Mais une révélation surgit :
« Tu fais encore une différence entre l’intérieur et l’extérieur. »
Une faille s’ouvre. Alors, j’essaie autrement. Cette fois, j’inclus tout : le corps, le cœur et l’esprit. Mon regard s’élargit, embrassant le monde à 360°. Une seconde révélation frappe alors :
« Tu cherches à fuir la situation, à transformer l’expérience. Tu refuses le réel, tu refuses encore une fois tes émotions. »
La reconnaissance est inévitable. Les larmes montent, l’acceptation se fait. Les armures tombent, les défenses s’effacent. La paix et la joie reviennent, et pourtant, le cocktail des émotions est toujours là.
Mais cette fois, il ne m’engloutit plus. Je le ressens dans toute sa richesse, un éventail de sensations qui me rappelle la diversité extraordinaire du vivant.