C’est comme un rêve éveillé, un voyage entre les mondes, entre réalité subtile et fiction symbolique.
J’ai longtemps grimpé. Grimpé haut, très haut. Je suivais la colonne de lumière, aspirée par l’appel du Ciel. Je cherchais des dimensions où la vibration était si fine qu’elle en devenait presque silence. Là-haut, j’ai rencontré des compagnons de lumière. Des êtres qui m’observaient, comme des spectateurs bienveillants, installés dans des gradins invisibles au-dessus de ma tête. Je les sentais rassemblés autour du trou au sommet de mon crâne, témoins de mon expérience humaine, curieux, attentifs, presque joyeux de ce que je vivais ici.
Mais je n’étais jamais descendue.
Et voilà que l’appel s’est inversé. L’appel du bas. De la densité. Du sombre.
C’est là que réside l’alchimie. Non pas dans la fuite vers le haut, mais dans la rencontre entre la lumière et l’obscur. Car fuir la Terre, c’était fuir la complétude. Fuir le mariage.
Alors j’ai commencé à descendre.
Le long d’une autre colonne, obscure, lourde, lente. Étages après étages, je découvre un monde ancien. Des pierres conscientes, marchant dans des temps oubliés. Des créatures denses, aqueuses, appartenant à des ères que la mémoire humaine ne peut contenir. Et plus je descends, plus l’obscurité m’enveloppe, non pas comme une menace, mais comme un mystère à embrasser.
En parallèle, tout devient de plus en plus léger. La matière se dissout. Je regarde à travers les murs, à travers les corps, jusqu’à ce que tout paraisse vide — joyeusement vide. Comme une fiction légère, drôle, dans laquelle je joue.
Je commence à percevoir mes différents corps, mes différentes vibrations, chacun vivant dans un monde légèrement décalé. Je suis multiple. Je suis là, et ailleurs. L’aventure devient un tissage, une mise en lumière de toutes ces expériences parallèles. Et cette lumière me stabilise.
Car choisir un seul côté de la pièce rend fou. La lumière sans racines devient abstraction. L’ombre sans clarté devient enfer. Mais ensemble, elles dansent une union puissante.
Et peut-être que tout cela n’est qu’une fiction. Mais si c’en est une, elle est magnifique. Et j’ai choisi de l’habiter pleinement.